Allaitement & Alimentation

« L’allaitement, une continuité »

 

D’un point de vue hormonal et nutritionnel, l’allaitement maternel est en quelque sorte un prolongement de la grossesse, de l’accouchement. 

 

Les besoins vitaminiques et minéraux sont quasi identiques, le besoin en eau augmente (au moins 2,5L par jour pour compenser le volume de lait produit, 800ml/24h en moyenne). La dépense énergétique est similaire au troisième trimestre. On estime que les besoins supplémentaires sont d’environ de 500 kcal par jour, qui évoluent au fil de l’allaitement : 595 kcal/jour entre 0 et 2 mois post-partum, et de 670 kcal/jour entre 3 et 6 mois. Il faut ainsi adapter votre alimentation en fonction. Pour cela, vous pouvez ajouter deux collations à votre alimentation journalière classique. Ce n’est pas le moment de faire un régime ! 

 

Le lait maternel est toujours nourrissant. 

Les recherches ont noté que l’alimentation n’a pas d’impact sur le taux lacté des principaux constituants du lait (protéines, lactose, cholestérol, calcium…).

Pour les lipides (=le gras), la quantité reste stable dans le lait, quelque soit l’alimentation maternelle. En revanche, la qualité des lipides lactés dépend de nos apports alimentaires, comme le taux lacté de certaines vitamines liposolubles. 

Ainsi il est préférable de consommer des acides gras essentiels ou à longue chaîne comme le DHA, essentiels pour le bon développement du cerveau et du système nerveux de notre enfant. On les trouve particulièrement dans les poissons (favorisez les petits gras). 

 

Les besoins en vitamine D pendant l’allaitement

Cette hausse des besoins commence dès la grossesse, où le fœtus dépend entièrement des apports maternels. Le développement rapide du fœtus pendant la dernière partie de la grossesse tend à limiter les réserves de vitamine D de la mère à mesure que l’incorporation de calcium dans le squelette s’accroît pendant le dernier trimestre de grossesse.

 

Au cours de l’allaitement, il est préférable de consommer suffisamment de nutriments pour vous même mais également pour les fournir à votre bébé au travers de votre lait maternel. Pour les nourrissons qui sont exclusivement allaités, le lait maternel sera ainsi leur seule source de cette vitamine.

 

 En France, 80% de la population adulte présente une insuffisance en vitamine D. Comme le taux lacté de la vitamine D (ainsi certaines vitamines liposolubles) est fonction des apports maternels, il est alors recommandé de vous supplémenter et de supplémenter votre bébé pour optimiser les apports en vitamine D. 

 

Dans son avis paru en 2021, l’Anses a retenu l’apport de 10 µg/j, soit 400 UI/j, comme référence nutritionnelle pour les nourrissons de moins de six mois. Une supplémentation en vitamine D est recommandée chez tous les enfants, notamment les enfants allaités (le lait infantile est souvent enrichi en vitamine D).

 

Cette recommandation est faite de manière générale mais il pourrait être utile de vérifier au cas par cas (à vérifier avec son médecin). En revanche, l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) a fixé une limite supérieure de sécurité à 25 μg/j (1000 UI/j) pour les nourrissons de moins d’ un an et à 50 µg/j (2000 UI/j) pour les enfants de un à dix ans (Efsa 2012).

Quels sont les aliments riches en vitamine D ?

 

  • L’anguille cuite
  • le hareng
  • le saumon 
  • le maquereau
  • le thon 
  • L’huile de foie de morue
  • Les produits laitiers

 

Quelques idées reçues :

L’allaitement favorise-t-il la perte de poids ? 

Théoriquement, cette dépense énergétique permet à la mère allaitante de perdre du poids en post-partum plus rapidement qu’en absence d’allaitement. Le lait maternel est gras et trouve sa source dans les graisses stockées lors de la grossesse.

En pratique, c’est très variable : le post-partum induit la fatigue, la convalescence physique, le manque de sommeil, de temps, l’allaitement donne faim, soif… Tout cela induit souvent un fractionnement, une augmentation des apports alimentaires, des repas moins construits, du stress, parfois le métabolisme fait de la résistance… La perte de poids liée à l’allaitement n’est pas une science exacte.

La production de lait se modifie naturellement au fil des mois dès lors que la diversification alimentaire commence (entre 4 et 6 mois) et que le bébé alterne entre le lait et l’alimentation solide. 

L’alcool et la caféine ?

L’alcool : 

Les particules d’alcool et de caféine passent dans le lait maternel (et disparaissent au bout de quelques heures). Concernant l’alcool, idéalement on garde en tête le principe de précaution : limiter au maximum l’alcool si les tétées sont trop rapprochées. Si on ne peut pas recommander la prise régulière d’alcool pendant l’allaitement, une consommation d’alcool très faible et occasionnelle est compatible avec l’allaitement.

 

Si vous souhaitez boire un verre pour une occasion, essayez de le prendre juste après une tétée, s’alimenter, et attendez entre 2 et 3 heures avant la prochaine tétée. La seule façon d’éliminer l’alcool dans le sang, et donc dans son lait, c’est de patienter.

 

La caféine

Concernant sa consommation, les recommandations sont les mêmes que pendant la grossesse : elle n’est pas interdite mais à limiter (à hauteur de 200mg/jour) en fonction de la tolérance de chaque bébé. 

 

La caféine en excès peut troubler leur sommeil de jour (siestes) et de nuit. Elle a une demi-vie plus longue dans la petite enfance, avec une élimination encore plus tardive chez les enfants nourris au sein. Certains bébés allaités pourront supporter jusqu’à 3 cafés alors que d’autres même pas un seul. On observe son bébé et on se fait confiance.

Il est conseillé de consommer la caféine de préférence en début de journée pour éviter les troubles de l’endormissement sur le début de soirée (laisser le temps à la caféine d’être éliminée par l’organisme).

Le café est la source la plus courante de caféine, mais d’autres aliments et boissons, dont le chocolat ou le cacao (en trop grande quantité), le thé, le cola et certains médicaments, en contiennent également. Le principal métabolite de la caféine agit sur les récepteurs de l’excitabilité neuronale.

 

Existe-t-il des aliments qui boostent la production de lait maternel ?

Le corps d’une femme est fait pour allaiter, nous sommes des mammifères, ne l’oublions pas ! Il arrive parfois aussi que les jeunes mamans aient besoin d’un petit coup de pouce pour augmenter leur production de lait pour leur bébé.

 

L’Academy of Breastfeeding Medecine rappelle qu’avant d’utiliser toute substance pour essayer d’augmenter la quantité de lait, il est utile d’observer la sécrétion lactée maternelle et l’efficacité du transfert du lait à l’enfant.

 

Rappelons que la consommation d’aliments dits galactogènes ne suffira pas à elle seule à booster une faible lactation.

L’important est avant tout un allaitement à la demande, sans regarder l’heure, avec des tétés fréquentes et suffisamment longues ; de positionner correctement bébé au sein pour s’assurer qu’il tète bien ; une bonne hydratation ; du repos autant que possible ; une alimentation équilibrée et variée, avec des collations.

 

Les plantes qui ont ont prouvé leur efficacité pour favoriser la lactation : le fénugrec et le moringa  

 

Et celles qui sont réputées favoriser la lactation 

– le fenouil,

– l’anis,

– le carvi ou cumin,

– le galéga

– le chardon-marie,

– le chardon béni

– le malt d’orge (bière sans alcool),

 

Vous pouvez les consommer sous forme de tisanes en faisant infuser les plantes dans de l’eau chaude cela vous permettra de rester bien hydratée.

 

La nature est bien faite ! Pendant les 3 premiers jours d’allaitement, l’apport de galactogène n’est pas conseillé : mettre bébé au sein est la meilleure façon de favoriser votre montée de lait. 

 

Existe-t-il des aliments qui freinent la production de lait maternel ?

Il existe des aliments traditionnellement connus pour avoir des effets anti-galactogènes (c’est-à-dire qui freinent la production de lait maternel) :

  • la sauge
  • le persil
  • l’oseille
  • la menthe

Un peu de persil ou de menthe sur une salade est ok bien sûr ! Il est recommandé de ne pas en consommer en trop grande quantité sauf si vous êtes en période de sevrage

 

Est-ce que certains aliments changent le goût du lait maternel ?

 

Il n’y a pas d’aliments à supprimer. 

Il existe un mythe selon lequel certains aliments (ex les choux, l’ail, l’oignon) ou produits sont connus pour donner un goût particulier au lait maternel. Ce mythe provient d’une étude qui n’a pas validé son hypothèse. Il ne faut pas bannir de votre alimentation des aliments pour leur goût (comme pendant la grossesse). Au contraire, cela apprendra la diversité à votre bébé.

Boire plus d’eau pour produire plus de lait ?

La maman ne doit pas se forcer à boire énormément, mais avoir une bouteille à proximité permet de ne pas oublier de boire, de s’hydrater correctement et d’étancher sa soif. Les mamans allaitantes ont souvent très soif, ce phénomène est dû à la sécrétion d’ocytocine responsable de la sensation de soir. 

 

Pendant l’allaitement une bonne hydratation permet de combler les pertes liées à la production de lait, transpiration, irrigation des tissus. Les études montrent que ni l’augmentation ni la restriction de la quantité de liquides consommée n’affectent le volume de lait produit. Pour produire plus de lait, mettez simplement votre bébé au sein, plus fréquemment.

 

Doit-on changer son alimentation si on veut allaiter lorsque l’on est vegan ?

Non, mais si on suit un régime végan, l’apport en vitamine B12 et zinc doit être surveillé. Il est nécessaire de garder un bon niveau de B12 en se complémentant. Mais il est tout à fait possible d’allaiter. L’idéal serait de se faire accompagner pour un suivi nutritionnel optimal.

 

Le lait maternel ne contient pas assez de fer.

Faux

Le fer est indispensable pour le bon fonctionnement de l’organisme car il entre en jeu dans diverses fonctions de notre organisme. Le plus important et le plus connu est le transport de l’oxygène, qui se fixe au niveau du fer présent dans l’hémoglobine de nos globules rouges. 

 

La quantité de fer dans le lait maternel est optimale pour votre bébé, même si elle est moins importante que celle dans le lait de vache. Le fort taux de lactose et de vitamine C dans le lait aide également à l’absorption du fer.

 

Le lait humain contient peu de fer (0,3 à 0,4 mg/l de fer), mais il est présent sous une forme hautement assimilable, plus facilement absorbable par le bébé que dans le lait de vache ou le lait infantile fortifié en fer. C’est-à-dire que le fer du lait humain est fixé sur des protéines qui en facilitent l’assimilation, et jusqu’à 50 % de ce fer est absorbé par le bébé allaité.

 

Le taux lacté de fer est constant dans le lait maternel, comme la plupart des autres minéraux. Les variations se feront dans les quantités disponibles et stockées pour la maman.

 

Un enfant né à terme n’a pas besoin d’un apport supplémentaire de fer jusqu’à 6 mois, au début de la diversification. Les réserves hépatiques en fer du nourrisson, alliées à la biodisponibilité élevée du fer présent dans le lait humain, couvrent les besoins du bébé exclusivement allaité pendant environ les 6 premiers mois. Après 6 mois, on privilégie aux légumes les apports de fer héminique comme les petits poissons, la viande etc.

 

A noter que l ‘allaitement optimise votre statut en fer : l’aménorrhée de la lactation diminue les pertes en fer.

 

  • Le bébé dispose normalement, à la naissance, d’un important stock de fer acquis pendant le dernier trimestre de la grossesse.

Pour les bébés nés à terme, le clampage tardif du cordon augmente le volume sanguin du bébé ainsi que ses réserves de fer. 

 

Rédactrice : 

Pauline BENAROCH diététicienne pour Jollymama & Céline BOURGANEUF
Consultante en lactation IBCLC
Accompagnante BN, Puéricultrice IPDE, Doula

Source : OMS, PNNS, HAS, ANAES, AFFSAPS