Le sevrage de l’allaitement maternel

 La prévalence et la durée de l’allaitement augmentent actuellement dans les pays occidentaux, en raison de la prise de conscience croissante des intérêts de l’allaitement maternel.

La démarche de sevrage

Le projet de sevrage, c’est avant tout, se poser les bonnes questions sur l’arrêt de l’allaitement.

Pour les professionnels, c’est accompagner la mère vers ses propres instincts, ses propres contraintes, ses propres besoins et celles de l’environnement familial, professionnel, amical. Pour les mères, c’est savoir pour quoi, pour qui, je souhaite arrêter l’allaitement ?

Que voulez-vous ? Faire la différence entre vouloir, pouvoir et avoir envie.

Tous les types de sevrage sont compatibles dès lors qu’il existe une harmonie avec l’arrêt de l’allaitement et le choix de la mère d’arrêter.

Les traitements sont-ils une cause majeure de sevrage ?

La plupart des mères peuvent continuer d’allaiter en suivant un traitement médicamenteux : soit avec le médicament prescrit soit avec un autre médicament de meilleur choix, soit en reprenant la réelle nécessité du médicament.

Beaucoup de traitements sont compatibles avec l’allaitement maternel. Peu de médecins sont spécialisés en allaitement maternel et beaucoup manque d’études et d’articles en lien avec la prise d’un traitement et l’adéquation de certaines molécules et le faible passage de celles-ci dans le lait maternel.

Les références sur les études des traitements compatibles avec l’allaitement sont répertoriées sur : 

 Le CRAT

 E-lactancia

En cas d’incompatibilité, même si cela reste rare, le délai le plus physiologique est de 1 à 3 semaines pour un sevrage complet induit.

A noté l’allaitement maternel réduit les risques du cancer du sein, des ovaires. Il prévient également de l’ostéoporose après la ménopause. Après l’accouchement, l’allaitement réduit les saignements, les risques d’anémie, favorise la rétractation rapide de l’utérus grâce aux contractions utérines en lien avec l’ocytocine secretée pendant les tétées. Il prévient aussi des maladies cardiaques, du diabète de type 2. Enfin, il diminue les risques de la dépression du post-partum et favorise la perte de poids.

À savoir également, l’allaitement maternel est un mode de contraception naturel durant la durée de l’allaitement exclusif les 6 premiers mois.

Et le refus du biberon on en parle ?

C’est un vaste sujet !

Les bébés qui ne veulent pas du biberon sont aussi ceux pour lesquels les mères sont en inadéquations avec l’arrêt de l’allaitement le plus souvent imposé. La part psychologique est à prendre en compte dans le passage du sein au biberon.

Par ailleurs, il existe des cas plus spécifiques comme les troubles de la succion, les freins de langue restrictifs associés. Parfois, la prise même du biberon est difficile d’un point de vue fonctionnel.

À noté, les changements de succion sont problématiques, ils peuvent fatiguer l’enfant et lui demander un apprentissage long pour lequel la réussite n’est pas certaine parfois.

Un suivi pluridisciplinaire peut être nécessaire pour connaître l’origine des troubles et adapter une prise en charge globale.

Mener un sevrage seule est ce possible ?

Il y a des sevrages qui se font de manière très naturelle et sans l’accompagnement d’un professionnel de santé, d’une consultante en lactation.

Néanmoins quand il y a trop de questions qui commencent à émerger, le stress arrivant, parfois en une seule  consultation, les mères arrivent à retrouver leurs besoins, leurs choix et trouver le bon créneau pour démarrer, reprendre le sevrage, l’allaitement aussi.

Dois-je sevrer mon bébé pour une nouvelle grossesse ?

Une grossesse ne nécessite pas l’arrêt de l’allaitement en cours. Cependant, le lait va varier au niveau de son goût, en lien avec la phase dite colostrale, avec un lait plus salé : soit les bébés démarrent une grève transitoire de la tétée, soit l’enfant tète davantage et la lactation augmente avant la naissance.

Adapter les tétées en fonction du rythme et de la demande de l’enfant en passant par un allaitement à l’amiable ou les besoins de la mère et du bébé sont respectés.

Après la naissance, le co-allaitement est possible. Il favorise la production de lait pour le plus petit et renforce le lien avec le plus grand limitant ainsi la sensation de mise à l’écart.

Le lien fraternel est renforcé par les moments de tétées en communs, la notion de partage et d’échange est de mise !

Le plus souvent, le retour de couche est un indice du corps pour signaler qu’une nouvelle grossesse peut de nouveau arriver.

L’allaitement n’altère en rien la venue d’un futur bébé. La grossesse dépend aussi et beaucoup de l’état psychique de la mère. Ce n’est pas qu’une question de biologie, d’hormones ou de retour de couche…

Comment sevrer mon bébé ?

Beaucoup de questions se posent autour du sevrage du bambin.

Les raisons sont souvent exprimées par :

 La fatigue chez les mères

 Le besoin d’un retour à une nuit plus sereine et moins hachurée par les tétées nocturnes 

Je vous invite à (re) lire la première Partie sur le sevrage et les croyances liées au sommeil pour comprendre la nuit d’une mère allaitante.

C’est le plus souvent une charge mentale extérieure plus que les réveils nocturnes qui génère le souhait d’un arrêt de l’allaitement d’où l’importance d’allaiter à l’amiable et plus à la demande.

En chiffre, 40 % des bébés de mois de 6 mois ne font pas leurs nuits et 30 % à 12 mois pour les bébés allaités et non allaités confondus.

Ne pas faire ses nuits, c’est ne pas être en capacité neuro développementale d’enchainer  7 à 12h  de sommeil et c’est physiologique  et normal à cet âge !

En termes de besoin physiologique, pour un enfant allaité, les tétées sont de l’ordre de 3 à 12 réveils par nuit.

Un allaitement à l’amiable késaco ?

À cet âge, l’allaitement se veut à l’amiable et plus à la demande.

Il est le plus souvent encore trop  à la demande du bébé sans que les besoins de la mère soient respectés.

À l’amiable, c’est un allaitement qui se veut respectueux des besoins et des choix de la mère en équilibre avec ceux de son enfant. Pour exemple, l’allaitement ne se veut pas subi. La mère est en droit de refuser une tétée si le moment, le lieu, l’environnement ne s’y prête pas.

L’épuisement et souvent lié à un allaitement  » corps et âme », à la demande du bébé, dans une préoccupation maternelle primaire exacerbée. Ceci n’est pas un jugement, mais peut être une explication au besoin de sevrer plus précocement que souhaité un allaitement des plus grands.

Savoir dire non à son enfant quand l’allaitement n’est pas souhaité dans le temps imparti, pour la mère, en faisant preuve d’autorité bienveillante comme pour les gestes du quotidien ou la prévention des accidents domestiques.

Accueillir la frustration et accompagner le non-allaitement avec empathie et bienveillance en expliquant parfois et restant disponible et présent pour d’autres activités avec lui.

S’accorder une pause, un temps pour soi, un moment où la tétée n’est pas, plus, une priorité.

À partir de 6 mois l’allaitement peut devenir à la l’amiable.

À 22 mois, les demandes sont différentes, notre corps nous appartient, notre poitrine tout autant !! La gestion de la crise est certes un moment désagréable à passer, mais nécéssaire pour faire comprendre à l’enfant les limites maternelles de l’allaitement.

N’oublions pas également que l’enfant à cet âge à une grande plasticité cérébrale et une facilité d’adaptation au changement.

Savoir prendre du temps, du recul sur la situation.

Savoir qu’elles sont les tétées qui vous dérangent ?

Le sevrage nocturne est il possible ?

C’est une fausse bonne idée avant 2-3 ans. L’enfant a réellement des besoins nutritionnels même la nuit. L’OMS le confirme en recommandant un allaitement jusqu’à au moins 2 ans.

Le taux de lait maternel absorbé la nuit pour les bambins correspond à 40 % des besoins journaliers.

Trouver un compromis avec l’enfant, avec le conjoint, le planning de la famille pour démarrer le sevrage. Savoir le respecter pour donner des repères nouveaux à l’enfant. Le choix se fait dans l’échange avec l’enfant, les paires en amont de chaque décision.

Les raisons physiologiques d’un sevrage plus difficile

Les troubles de l’oralité, de la succion peuvent nécessiter parfois un besoin de nutrition en fractionnée, c’est-à-dire des petites quantités souvent et des enfants qui réclament souvent, très souvent et plus la nuit. Ces bébés, dit aux besoins intenses sont des enfants qui nécessite d’être suivi par une ostéopathe, une orthophoniste, une diététicienne…

Chaque difficulté nécessite une prise en charge spécifique et pluridisciplinaire pour déterminer les besoins propres de l’enfant. Calculer les apports nutritionnels et l’équilibre alimentaire sur 24 h permet d’appréhender au mieux le sevrage de l’enfant et soutenu par des professionnels avertis.

Le sevrage naturel, c’est le bambin qui va petit à petit se desintérresser du sein au grès de ses besoins et de ses envies pendant plusieurs heures, plusieurs jours pour reprendre un peu plus tard et finir par ne plus vouloir le sein.

Faisons confiance à nos enfants…

Le sevrage n’est pas un période anodine qui se doit d’être protégé et parfois accompagné pour limiter la culpabilité, la tristesse, les traumatismes physiques et/ou psychologique.

« Le sevrage naturel, c’est une danse des tétées entre l’enfant et la mère, un accordage des besoins de chacun. »

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    Rédactrice : 

    Céline BOURGANEUF
    Consultante en lactation IBCLC
    Accompagnante BN, Approche Colson

    contact@celinebourganeuf.com
    celinebourganeuf.com

    Source : OMS, PNNS, HAS, ANAES, AFFSAPS

     

    Le sevrage de l'allaitement maternel

    par Céline Bourganeuf | "Milkshaker" Le podcast qui agite les neurones !